Il n’est pas rare d’entendre untel est puissant, un autre à une magie exceptionnelle ou encore machin à une grande lumière/âme/spiritualité…
Vous êtes vous posé la question sur quoi se base ces personnes pour exprimer une idée de mesure ?
Non. Je m’en doutais…
Revenons sur des concepts de base.
La mesure est un point d’ancre de l’Homme. Il est typiquement humain de chercher à mesurer. Mesurer est une fonction permettant d’associer une valeur à un ensemble de données.
Pour se faire nous mesurons une chose contre une autre.
Je m’explique : prenons une pierre, vous ne l’avez pas de visu mais vous cherchez à savoir si elle est grosse, grande, lourde, large, petite, etc. Une tierce personne va la mesurer. Comment fait-elle ? Pour la taille c’est simple, elle prend une règle, pour le poids une balance, vous avez compris le reste. Elle vous donne sa valeur. Mais pour mieux vous imager, elle la prend en photo avec une petite mise en scène, elle la pose à coté d’un objet dont la valeur est commune à tous. Par exemple un doigt. Cela vous donnera une idée grosso-modo de sa taille.
C’est le principe de la comparaison. Dans la mesure nous comparons toujours quelque chose à autre chose. Cela en est de même avec une règle. On compare un objet contre une règle pour connaître la valeur graduée.
Cette valeur graduée est une unité de mesure, c’est une convention, ainsi donc constituée par l’Homme. Il en existe plusieurs de ce type. Ça s’appelle un étalon, en métrologie.
Comment mesure-t-on l’immesurable ?
Par des voies scientifiques, donc les mathématiques, l’algèbre. Je ne rentrerai pas dans les détails sans perdre les trois-quarts des lecteurs, je pense que vous avez également compris, cela va vous rappeler d’anciens et douloureux (pour la plupart) souvenirs d’école.
Toutefois comment font les gens pour mesurer l’immesurable dans sa notion spirituelle sans avoir d’outils de mesure, les valeurs empiriques et sans connaître l’algèbre ?
Ils ne le font pas. Ils ne font que comparer subjectivement.
Une personne, dîtes avec une grande force, est comparée soit à soi, soit à d’autres, soit à un constat personnel.
C’est ce qu’on appelle un faire-valoir. Sauf que la qualité et la valeur de celui-ci dépendent des deux valeurs comparées. Seulement aucune n’a de valeur empirique pour permettre la comparaison.
Une personne qu’on qualifie de puissante dépend de la réalisation et des « on-dit » circulant autour d’elle. Mais est-ce que 10 avis suffisent ? Si 10 disent du bien, c’est contre combien qui disent du mal ? Voilà une bonne question. Cela ferait tout de suite pencher la balance d’un coté ou d’un autre.
Une personne spirituellement élevée est une personne dont on reconnaît ses actions mais le spirituel est personnel et intérieur. Comment faîtes–vous pour l’apercevoir ? On dit souvent l’habit ne fait pas le moine. Qui vous dit que derrière toutes ses bonnes actions, elle ne fait pas mille fois pire en privé ? Rien.
Vos valeurs sont caduques.
Qui vous dit aussi que ses bonnes actions sont obligatoirement perçues bonnes pour tout le monde ? C’est totalement subjectif.
Là nous sommes plus dans la quantité des faits mais dans la qualité des faits.
Une personne donnant une idée de grandeur basée sur rien est une personne ne se comparant à rien. Si celle-ci dit être grande, comment le sait-elle ? Elle suppose avec beaucoup trop d’égo. Une personne disant être petite, comment sait-elle ? Elle suppose avec manque de confiance en soi induit par défaut éducationnel ou par un traumatisme.
Deux poids deux mesures. Rien d’empirique, rien de concret autre que le regard de soi ou des autres.
Comme dirait un grand monsieur : "tout est relatif..."
Quelqu’un comparant sa spiritualité ou sa force en se comparant à un autre.
Oui, mais encore faut-il connaître la valeur de celui-ci. Le comparant est au comparé, ce que le comparé est au comparant. À qui est comparé la personne à qui l’on se compare ?
Par exemple : X est plus grand que Z. C’est un fait. Mais Z est-il grand ou petit ? Si Z est petit X a peut-être une taille normale, pour cela qu’il est plus grand. Mais si Z est immense et que X est encore plus grand, X est alors un vrai géant. La réponse à cette question change tout.
Pour d’autres, la comparaison se fait par le biais d’un système magique ou spirituel. Le système devient l’unité de mesure. Mais le système n’est pas universel. Le système est une convention. Être le grand maître d’un système ne fait pas de la personne le grand maître d’un autre, et encore moins de sa vie personnelle…
Le problème est là. Nous ne pouvons pas déterminer aisément untel est meilleur ou plus puissant qu’un autre. Il ne sert à rien de chercher sans avoir une unité de mesure valide. Nous ne faisons tout au plus que donner une vue subjective mais non objective.
Pourquoi vouloir comparer l’incomparable ? Pourquoi vouloir être plus grand ou meilleur que, alors que nous ne savons pas si le comparé est grand et bien empiriquement.
Le mieux dans ce cas est encore d’être soi.
Vous comprendrez que cet article est écrit dans la volonté de détruire les conceptions erronées que l’on entend souvent dans le milieu ésotérique ou spirituel. Les personnes sous-entendant une notion de grandeur est souvent une personne ne faisant que travestir la décadence. Soyez vigilant et ne vous faîtes pas avoir par ces gourous en manque de reconnaissance.
Tel Icare voulant se comparer au soleil, leurs chutes n’en seront que plus terrible.
Comentários