Il est communément admis que la pratique de la magie suscite de nombreuses interrogations, qui sont souvent traitées de manière superficielle en raison des jugements hâtifs et des biais cognitifs et culturels qui y sont associés. Ces jugements manichéens, qui reposent sur une classification simpliste en termes de bien et de mal, sont souvent erronés et ne reflètent pas la réalité. Dans ce texte, nous examinerons pourquoi il est faux de considérer que la pratique de la magie est immorale.
La pratique de la magie du retour affectif est fréquemment classée en deux catégories, à savoir la magie noire et la magie rouge, par des individus qui se prétendent experts en la matière, mais qui en réalité ne font que répéter des stéréotypes éculés. Toutefois, il est important de noter que cette classification n'a jamais été considérée par des praticiens sérieux, car elle ne repose sur aucun fondement rationnel. En effet, la magie et la sorcellerie sont des disciplines énergétiques qui font appel à des techniques utilisant l'Énergie subtile, laquelle est neutre par nature. C'est donc le praticien qui conditionne l'énergie en fonction de sa volonté et de son intention. En d'autres termes, prétendre que la magie est blanche ou noire reviendrait à dire que l'électricité est bonne ou mauvaise, ce qui constitue à la fois un biais cognitif et un argument fallacieux appelé Faux Dilemme.
Par ailleurs, penser qu'une pratique magique d'un autre pays est plus efficace qu'une autre, simplement en raison de son exotisme, est tout aussi absurde. En effet, cela reviendrait à dire que l'électricité du Gabon est supérieure à celle de la France, alors que la seule différence réside dans l'utilisation culturelle qui en est faite. Cette idée est donc dénuée de sens.
La magie doit être considérée avant tout comme une technique, tandis que l'Énergie doit être perçue comme un outil. Pour illustrer cette idée, prenons l'exemple d'un tueur qui aurait commis un meurtre à l'aide d'un couteau. Dans un tel cas, il est évident que c'est le tueur lui-même qui doit être tenu responsable de son acte, et non l'outil qu'il a utilisé. De même, il convient de ne pas accuser la magie en tant que telle, mais plutôt le praticien qui s'en sert. Il est donc essentiel de faire preuve de discernement et de réflexion avant de s'en remettre aux propos tenus par autrui.
Enfin, il convient de mentionner les idées liées au triple choc en retour, qui sont largement répandues mais qui sont en réalité infondées. Pour en savoir plus sur ce sujet, nous vous invitons à consulter notre article en cliquant ici.
Ces derniers temps, nous constatons l'émergence d'aphorismes tels que « le retour affectif est un viol », ce qui suscite de vives inquiétudes quant à l'éthique de cette pratique. En effet, nous sommes encore dans une période marquée par la dénonciation et la médiatisation de violences sexuelles avec les mouvements #MeToo et #BalanceTonPorc. Bien que ces mouvements aient permis aux victimes de briser le silence, certains individus en ont également profité pour faire des accusations mensongères à des fins pécuniaires, publicitaires ou de vengeance, ce qui a malheureusement terni la réputation du mouvement et la lutte des vraies victimes. Depuis, une véritable chasse aux sorcières s'est organisée sur les réseaux sociaux, où de nombreuses accusations, vraies ou fausses, sont proférées sans distinction.
C'est dans ce contexte que certains individus affirment que le retour affectif est un viol. Toutefois, leurs motivations divergent. Certains praticiens sérieux cherchent à gagner en notoriété en attirant les personnes émotionnellement fragiles en utilisant des phrases-choc, tout en dénigrant leurs concurrents. D'autres croient sincèrement en cette idéologie, tandis que d'autres encore cherchent simplement à faire du bruit.
Nous avons tout d'abord les arnaqueurs véreux, ceux qui cherchent à attirer une clientèle émotionnellement vulnérable en se faisant passer pour des praticiens sérieux et éthiques, alors qu'ils ne cherchent qu'à remplir leur porte-monnaie. Cette pratique malhonnête vise à tromper les chalands en jouant sur leurs émotions.
Ensuite, il y a les pseudo-praticiens sincères, qui croient en leur pratique mais qui n'ont pas poussé leurs études suffisamment loin, tant sur le plan pratique que réflexif. Bien qu'ils soient sincères, leur manque de compétences les rend incapables d'offrir des résultats satisfaisants à leurs clients.
Enfin, il y a les ignorants, qui sont souvent des débutants ou des personnes ayant des idées fausses sur le retour affectif. Ils cherchent à aider, mais racontent souvent n'importe quoi, créant ainsi une illusion de bonne conscience.
Il arrive parfois que ces différents profils se mélangent. Cette confusion est due en partie à une incompréhension des mécanismes et des fonctionnements du retour affectif. Il s'agit du premier point que nous allons évoquer par la suite. Les idées fausses sur cette pratique proviennent de plusieurs facteurs, dont l'incompréhension des mécanismes et fonctionnements du retour affectif.
Le retour affectif est un acte d’envoûtement amoureux consistant à agir énergétiquement à distance sur une personne. Le terme "envoûtement" ne doit pas être perçu négativement en soi, mais simplement comme une pratique visant à envoyer des informations non-locales à une personne à distance. En français, les mots tels que "envoûtement", "sortilèges", "sorts" ou "sorcellerie" ont acquis une connotation négative et péjorative dans la langue courante, notamment en raison des œuvres de fiction. C'est pourquoi les praticiens ont cherché des termes plus doux pour désigner cette pratique, mais changer de terme ne sert pas toujours à grand-chose car ces nouveaux termes risquent également d'être péjorativement entachés. Il aurait été plus judicieux de clarifier ce qu'est réellement cette pratique pour éviter que l'ignorance ne devienne une peur.
Pour beaucoup, le retour affectif consiste à faire revenir une personne avec qui l'on a été en couple, ou à faire (re)tomber amoureux une personne d'une autre. Si l'on suit cette logique, cela pourrait être considéré comme une entrave au libre-arbitre (encore faut-il que ce concept philosophique soit réellement établi, ce qui fait toujours débat depuis des millénaires). De ce fait, cette pratique peut être considérée comme peu éthique d'un point de vue moral, voire comme une forme de violation ou de viol.
Cependant, les mécanismes du retour affectif sont bien plus complexes et subtils, ce qui rend la pratique loin d'être aussi simple qu'on pourrait le penser. Si l'on pouvait rendre n'importe qui amoureux d'une autre personne, pourquoi se limiter à un ex-partenaire ou à un ami/une collègue, etc. ? Pourquoi ne pas faire tomber amoureux de soi une personnalité notoire, une star ou une célébrité ? Tout d'abord, parce que ces personnes ne nous connaissent pas et, deuxièmement, parce qu'elles n'ont évidemment aucun sentiment à notre égard. Cela implique donc que nous ne pouvons agir que sur des personnes qui se connaissent et qui ont déjà éprouvé des sentiments l'une pour l'autre, ou dont les sentiments ne sont pas encore consciemment déclarés.
Il est clair qu'à ce jour, nous ne disposons pas d'unité de mesure pour mesurer qualitativement ou quantitativement un sentiment (à la manière des kilogrammes, des litres, des centimètres, etc.). Nous ne pouvons donc pas prévoir à l'avance si une personne éprouve des sentiments pour une autre, même si nous pouvons nous faire une hypothèse grâce à des outils tels que la voyance, qui peut déterminer une probabilité d'avenir, mais rien n'est sûr. Ainsi, si nous effectuons un retour affectif sur une personne qui n'a pas de sentiments amoureux ou qui n'en a plus suffisamment, et qui n'est donc pas consentante, qu'elle en ait conscience ou non, cela ne fonctionnera tout au plus pas. Mais le retour affectif ne créera pas de faux sentiments.
Par conséquent, si un rituel d'amour fonctionne, c'est que des sentiments sont présents et qu'il y a une volonté (même infime ou inconsciente) de vouloir arranger les choses avec l'autre ou de vouloir essayer de se mettre en couple, et cela se fait donc avec consentement (conscient ou non). Cela est possible grâce aux charges programmées dans l'Énergie subtile qui sont proactives et non réactives, répondant ainsi à l'effet diapason, également appelé système serrure/clé. Il convient donc de souligner que le retour affectif ne va pas à l'encontre du "libre-arbitre" et n'est en aucun cas un viol !
Maintenant que cette question est réglée, examinons ensemble de manière plus approfondie les autres raisons derrière ce raisonnement erroné. Ceci nous permettra de mettre en évidence l'importance de la réflexion dans la pratique de l'éthique et de la morale, car cela ne se réduit pas à de simples chartes vides de sens.
Après avoir discuté avec différents praticiens chevronnés, notamment avec Steve Carlin, expert en voyance et en médiumnité, qui a exprimé une objection très pertinente : « Je me demande ce que les victimes de vrais viols penseraient si on leur expliquait cette polémique. Est-ce qu'utiliser un terme aussi fort pour un acte aussi banal ne constitue pas une insulte à ce qu'elles ont vécu ? » J'en suis donc venu à approfondir la source de ce genre d'argumentation fallacieuse.
Si l'on considère que le retour affectif est un viol, alors les techniques de séduction doivent également être considérées comme telles. En effet, se parer de jolies tenues, de parfums enivrants, de maquillages flatteurs afin de plaire à l'autre, adopter un comportement amical et séduisant, tout cela ne constitue-t-il pas une tentative d'influence ? Peut-on considérer cette influence comme une entrave au libre-arbitre ? Si quelqu'un usait de ces moyens pour vous séduire, ne seriez-vous pas flatté(e) ? L'accuseriez-vous de vous violer ? Il est peu probable. Le retour affectif ne fonctionne que de la même manière, en mettant en perspective les qualités que l'on apprécie chez l'autre et en dissipant les tensions et les blocages émotionnels éventuels. Certaines personnes appellent cela une "réharmonisation du couple", mais cela ne constitue qu'un changement de terminologie. Nous ne sommes ni dans un film ni dans un roman à l'eau de rose où un sortilège d'amour rendrait quelqu'un obnubilé tel un zombie. Même si c'est votre intention, cela ne se produira pas nécessairement. Si l'on suit la logique de ceux qui considèrent que le retour affectif est un viol ou une violation du libre-arbitre, alors toutes les disciplines magiques et énergétiques doivent être bannies, car la voyance influence également les choix des consultants, et prier une divinité pour qu'elle interfère dans une demande de recherche d'emploi influence les personnes en charge du recrutement. Il faut se rappeler que l'être humain est pavlovien, et que nous sommes tous conditionnés de différentes manières. Les personnes qui prétendent demander "l'autorisation" d'une entité ou d'une divinité doivent aussi se demander comment interpréter un échec si celle-ci avait approuvé leur demande. Interpréter une réponse d'une divinité n'est qu'une interprétation, soumise donc aux mêmes biais que le reste. Cela ne vaut donc rien, et ne constitue pas une vérification ou une autorisation plus fiable que les autres moyens.
Ce type de phrase, comme « le retour affectif est un viol », repose sur des arguments fallacieux et suscite différents sophismes et biais cognitifs : l’Appel à l’émotion (argumentum ad passiones), qui altère délibérément votre raisonnement en faisant passer vos émotions avant tout ; la projection anthropomorphique, qui consiste à attribuer des caractéristiques humaines et sociales à des objets divers, liée au biais de projection sociale ; l’effet de mode ; ainsi que d’autres biais plus secondaires : le biais sophistique, en particulier le syllogisme biaisé (dont nous parlerons plus en détail ci-dessous) ; la croyance en un monde juste ; la fixité fonctionnelle ; l’effet de faux-consensus ; un biais de supériorité illusoire lié au biais de désirabilité sociale ; le biais d’information, lié au biais de croyance ; l’association implicite, liée à un effet de propagande, le biais du point aveugle, lié à un biais de congruence… En somme, une simple affirmation comme celle-ci repose sur toutes sortes de faiblesses de notre cerveau.
Si cette phrase renforce nos convictions, cela s'explique typiquement par le biais de confirmation, mais pire encore si elle est suivie d'une phrase de ce type : « je l’ai appris/réfléchi/lu/compris auprès de mon/ma maître/professeur/auteur/grand expert de bidule-chouette/etc. », cela relève de l'argument fallacieux d'autorité illégitime. Cela ne fait que renforcer l'idée que l'argument est valide, alors qu'en réalité il est médiocre. En effet, qui est cette personne qui fait autorité ? Quelle est sa valeur réelle ? Elle peut être célèbre et dire n'importe quoi, ces deux choses ne sont pas incompatibles.
Ce type de réflexion, une phrase à la mode telle que « le retour affectif est un viol/c'est mal/c'est enlever le libre-arbitre », nous donne l'impression que c'est logique car dans sa structure grammaticale, elle répond à un syllogisme. Le syllogisme est un procédé logique, comme le célèbre : « 1. Tous les hommes sont mortels, 2. or Socrate est un homme, 3. donc Socrate est mortel ». Les phrases 1 et 2 sont les prémisses majeures et mineures, supposées vraies, tandis que la 3ème phrase est la validité formelle de la conclusion. Mais si l'on modifie un élément : « 1. Tous les chats sont mortels, 2. or Socrate est mortel, 3. donc Socrate est un chat », nous remarquons que la structure est juste. C'est l'association des prémisses qui est erronée. Et c'est justement cette phrase stupide « le retour affectif est un viol » qui constitue la conclusion d'un syllogisme biaisé.
Nous ne nous engagerons pas dans l'argument fallacieux d'Appel à la sagesse ancienne en affirmant que cette pratique a toujours été pratiquée, même si des traces archéologiques de rituels ou d'artefacts magiques destinés à l'amour ont été découverts. Cependant, il faut prendre en compte que, quelle que soit la culture ou l'époque, ce type de pratique est semblable au rituel amoureux (la parade) des animaux cherchant à se reproduire.
Mettre en avant qu'il s'agit d'une question de morale ou d'éthique, alors que ces personnes sont incapables d'en donner une définition juste, à part celle qu'ils pourraient lire rapidement sur Wikipédia, est affligeant. Si ces personnes avaient un minimum de connaissances dans le domaine de la morale et de l'éthique, elles sauraient qu'il est essentiel d'éviter de faire des procès d'intention. En effet, une intention ne peut être jugée que si elle précède sa mise en application par un acte. Ainsi, c'est l'acte qui doit être jugé en regard de l'intention. Si l'on ne jugeait que l'intention, nous serions tous coupables, car nos esprits sont souvent emplis d'idées méchantes envers une personne qui nous a fait du mal, par exemple.
Quant à l'acte magique, étant donné qu'il n'est pas encore prouvé, il ne peut être incriminé. Les rares fois où cela a été le cas, c'était pendant l'inquisition, et nous savons tous à quoi cela a mené. C'est là que la discipline de la logique entre en jeu, car la croyance n'est pas un fait. Prenons un exemple : vous êtes sur la plage en été, vous dégustez une glace, face à vous se trouve votre pire ennemi. Vous éprouvez de la colère en le voyant, et là, patatras, il se noie. Si la justice interprétait cela comme un acte de sorcellerie, simplement parce que vous avez ressenti de la colère, vous seriez accusé de meurtre et condamné, alors que vous seriez innocent. La noyade peut avoir plusieurs causes possibles et concrètes qu'il faut déterminer. Le fait que vous ayez ressenti de la colère et que la personne se noie au même moment est un hasard malheureux. Les probabilités que cela se produise sur une plage en été sont plus élevées qu'en hiver, par exemple. Croire l'inverse serait un biais appelé "la cause douteuse" ou "la fausse cause" (non causa pro causa). Heureusement, nous évitons les procès d'intention.
De même, lorsqu'un client nous contacte pour effectuer un retour affectif, il n'est pas possible de déterminer en quelques minutes si la personne est réellement sincère, si ses intentions sont bonnes ou si elle est un véritable pervers narcissique. En tant que praticiens de la magie, nous ne sommes pas des professionnels de la santé et nous ne sommes donc pas qualifiés pour établir ce genre de diagnostic psychologique. Cependant, si la pratique ne fonctionne pas, cela n'a pas de conséquences graves. Après tout, qui sommes-nous pour juger moralement la demande d'un client ?
Il est très répandu de se réfugier derrière des termes sophistiqués pour donner une impression de sérieux et de compétence, mais peu de personnes ont réellement lu ou étudié les grands philosophes et penseurs, tels que Baruch Spinoza ou Edgar Morin, pour ne citer qu'eux. Même s'il en existe bien d'autres. Ayant étudié et lu une dizaine d'entre eux, je peux affirmer que cela fait souvent mal aux yeux. Les lecteurs de mon livre "Les Mécanismes de la Pratique Magique" publié chez Alliance Magique le savent bien, car j'y ai fait référence à plusieurs reprises. Mon prochain ouvrage, "100 questions pour bien débuter en magie", à paraître chez la même maison d'édition, comportera une série de 20 questions consacrées à l'épistémologie, à la rationalité, à l'esprit critique, à la logique et à l'éthique/morale. Ces questions prépareront le lecteur aux questions "pratiques".
En conclusion, il est impossible de prouver l'efficacité d'un retour affectif ou de tout autre type de magie, sorcellerie, énergétique, etc. Lorsque mes clients m'appellent pour me remercier car leur retour affectif a fonctionné, je suis heureux pour eux, mais je ne peux pas le prendre en compte statistiquement car il est possible que la personne soit revenue d'elle-même. Cette situation est la même pour tous les praticiens dans le monde entier, et nous devrions tous faire preuve d'humilité.
Par conséquent, avant de se prononcer en utilisant de fausses rhétoriques, je conseille aux praticiens de faire des retours affectifs qui soit disant portent atteinte au libre-arbitre et de trouver un moyen de prouver que cela fonctionne grâce à eux. Dans ce cas-là, nous pourrons en reparler.
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