Il existe une croyance largement partagée dans divers courants, traditions et pratiques, appelée le choc en retour, ou encore le triple choc en retour, voire le karma. Ce concept postule que chaque action positive ou négative que nous effectuons nous revient par trois fois. Il est courant d'entendre parler de cette loi sous différentes appellations, telles que le retour, le triple choc, l'effet papillon, la loi du karma, etc. Bien que de nombreux praticiens y croient, il est important de se demander pourquoi cette superstition perdure.
Certains pseudo-spiritualistes se réjouissent de ne pas faire de mal en raison de cette légende, mais s'ils approfondissaient leur étude de la spiritualité, ils découvriraient que les textes fondateurs nous invitent depuis des temps immémoriaux à réfléchir sur le sens de la vie et à appliquer certains préceptes de vie. En appliquant ces préceptes, ils comprendraient rapidement que cette loi erronée n'a pas lieu d'être.
Trop souvent, les pratiquants ont tendance à juger négativement les autres, tout en se refusant à s'amender eux-mêmes. Dès l'apparition du moindre problème, ils préfèrent jeter leur venin pour blanchir leurs exactions. Il est important de reconnaître que l'utilisation du concept de Karma pour dénigrer autrui est une attitude peu spirituelle.
En outre, les enseignements spirituels s'accordent sur ce point, comme en témoignent les versets de la Bible : "Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? Ou comment peux-tu dire à ton frère : 'laisse-moi ôter une paille de ton œil', toi qui as une poutre dans le tien ? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l'œil de ton frère." Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu, chapitre 7, versets 3 à 5.
Il est incontestable que nous faisons tous face à des difficultés dans la vie. Il est difficile de trouver une personne qui n'en a jamais eu. Nous sommes prompts à reconnaître les méfaits d'autrui, mais sommes souvent aveugles à nos propres actions préjudiciables. Il est important de se mettre à la place de l'autre, de considérer que peut-être c'est nous qui avons tort ou qui faisons du mal, à travers leurs yeux. Comme le proverbe amérindien le dit : « Tu ne peux pas juger un homme sans avoir marché deux lunes d’affilées dans ses mocassins ».
Tout est une question de perspective. Dans la nature (qui comprend les Énergies), il n'y a pas de notion de bien ou de mal, c'est une conception humaine typique. Parfois, nous croyons aider quelqu'un, mais cette personne peut mal interpréter nos intentions, et donc nous considérer négativement. Ce manichéisme est propre à notre société, comme l'a expliqué Florent Loiacono dans son livre Ninja et Yamabushi, Guerriers et sorciers du Japon féodal aux éditions Budo : « L'Occident fonctionne sur une base d'opposition, un mode de pensée binaire et manichéen : Bien contre Mal, et Mal contre Bien. Ce paradigme remonte certainement à l'Ancien Testament. L'Extrême-Orient, quant à lui, s'appuie sur une idée relativement similaire, non pas pour s'y arrêter, mais pour la transcender. Une idée d'assimilation, de non-dissociation, et même d'harmonie des contraires (yin/yang) [le contraire (...)] serait diviser ce qui, dans l'absolu, est Un. »
Comme le soulignent les gourous (maîtres) de différents courants philosophiques de l'Inde antique, l'intention est primordiale. Parfois, elle fait toute la différence. Par exemple, un assassin enfonce une lame dans le ventre de sa victime pour lui voler ses biens, tandis que le chirurgien enfonce une lame dans le ventre de son patient pour extraire la maladie qui le ronge ou pour réparer un organe. Le geste est identique, mais les intentions sont opposées.
L'Énergie est une force neutre, qui peut être comparée à un couteau ou à un câble électrique, et qui peut nous aider dans notre vie quotidienne. Cependant, si elle est mal employée, elle peut causer du tort à autrui ainsi qu'à nous-mêmes. Cette conception correspond à la définition authentique du Karma, contrairement à la pseudo-sémantique qui se rapproche d'une notion de destinée ayant des répercussions sur des vies passées ou futures, souvent prônée par des praticiens peu scrupuleux. En sanskrit, Karma signifie "action" ou "acte rituel" qui entraîne une conséquence. Il exprime la loi de cause à effet.
Il convient de préciser que le Karma n'est pas lié à la notion de triple choc en retour. Cette idée est en réalité une hérésie qui vise à justifier un concept sans aucune racine dans la Tradition et qui n'est mentionné nulle part avant l'arrivée de la Wicca. De plus, cette croyance de retour en choc ou de triple retour en choc est issue d'une invention datant des années 50 par Gerald Gardner, fondateur de la Wicca. Il s'est réapproprié la vision erronée du Karma par Charles W. Leadbeater et la Société Théosophique, qui ont déformé la plupart des concepts mystiques hindouistes et orientaux en faveur d'une adaptation occidentale dans un syncrétisme disproportionné. L'idée du retour "triple" était séduisante car elle faisait analogie avec la Triple Déesse de la Wicca.
Cette croyance s'est ensuite répandue dans le milieu ésotérique et New-Age des années 1970, lorsque la métaphore célèbre de l'effet papillon a été formulée. Cette métaphore est issue de la théorie du chaos élaborée par le scientifique Edward Lorenz, qui s'est inspiré d'un problème mathématique de Poincaré concernant la sensibilité aux conditions initiales. Malheureusement, l'effet papillon a été largement extrapolé, car la théorie s'inscrit dans le cadre mathématique et non dans les événements ou l'interprétation de l'Histoire. Malgré cela, cette fausse idée a fini par prévaloir, et il a fallu attendre la publication de l'ouvrage de philosophie postmoderne d'Alan Sokal et Jean Bricmont, "Impostures intellectuelles", pour rétablir le concept à sa véritable définition.
Toutefois, les efforts déployés pour rétablir la validité du concept du karma dans la culture populaire se sont avérés insuffisants. Cette insuffisance peut être attribuée au biais cognitif connu sous le nom de « croyance en un monde juste », qui conduit à penser de manière intuitive que l'on mérite ce que l'on obtient ou que l'on obtient ce que l'on mérite. Ce sophisme de l'hypothèse d'un monde juste est bien connu en psychologie sociale et implique divers autres biais, tels que le blâme de la victime et l'autocomplaisance. Croire que le bien attire le bien et le mal attire le mal, comme le suggère l'expression populaire « la roue tourne », constitue une forme de déni de la cruauté des événements en cherchant à leur trouver une cause, ce qui suscite l'espoir. De plus, cette croyance est souvent associée à l'idée du jugement des autres, selon laquelle une personne qui subit une malchance la mérite, d'où le biais du blâme de la victime. Cette manière de penser réduit l'inconfort que pourrait susciter notre empathie pour les victimes ou diminue le sentiment de culpabilité chez l'observateur impuissant, tout en encourageant le biais du jugement véridique, qui renforce notre sentiment d'être meilleur en confirmant nos idées et nos actions.
Comme mentionné précédemment, c'est la Société Théosophique qui a emprunté des concepts à la sagesse orientale. Toutefois, il est regrettable de constater que cette organisation a déformé les croyances, les concepts et les traditions de la philosophie et de la métaphysique de l'Inde ancienne. Le concept du karma tel que compris par les théosophes est devenu une loi psychostasique qui pourrait influencer le destin de nos réincarnations, empiétant sur le concept du Dharma, qui représente la loi universelle et le rôle de l'homme dans son incarnation. La théosophie a simplifié la philosophie orientale et l'a adaptée à un ésotérisme syncrétique sans prendre le temps d'en comprendre pleinement les enseignements. Depuis lors, le phénomène du New Age, attirant un public crédule, a transformé cette loi en une fantaisie contre-intuitive connue sous le nom de « loi de l'attraction », popularisée par Rhonda Byrnes dans son ouvrage marketing intitulé LE SECRET.
Bien que certains puissent soutenir que croire en un "faux-karma" ne peut pas nuire aux personnes, le danger d'un déni de réalité est néanmoins présent. Lorsque nous effectuons un rituel et que notre esprit n'arrive pas à se détacher, éprouvant des remords ou la peur du triple retour, notre inconscient va établir des liens entre notre vie quotidienne et nos peurs, entraînant un phénomène d'amorçage. Les signes du triple retour sont les illusions créées par un esprit qui n'a pas été suffisamment entraîné. En outre, la peur peut se transformer en "formes-pensées" qui deviennent des Larves.
Cependant, une réalité énergétique appelée Choc en retour existe, qui est bien loin des considérations précédemment évoquées mais plus proche des celles expliqués par les grands noms du siècles derniers comme Papus ou Piobb. L'Énergie est une différence de potentiel et, comme la nature a horreur du vide, lorsque nous émettons une charge, ce vide est automatiquement comblé par une régénération énergétique en puisant dans les ressources du praticien. Si cette Énergie envoyée ne trouve pas de destinataire, elle ne disparaît pas. Pour une raison encore inconnue, elle revient vers son expéditeur. De plus, il est rare que l'intégralité de l'Énergie atteigne sa cible, de sorte que l'Énergie restante retourne vers l'expéditeur.
Selon la charge et la densité énergétique, cela peut être plus ou moins problématique pour le praticien. La charge artificielle mute au profit de la charge naturelle rencontrée au fur et à mesure de son passage. Il est courant de constater qu'une charge positive à l'origine peut devenir plus néfaste à son retour, et vice versa, bien que cela ne soit pas systématique ni lié à l'intention.
Le même principe s'applique à la densité énergétique. Si elle est très élevée et que le praticien s'est déjà régénéré, il est possible que la très grande quantité d'énergie se déverse sur le praticien et le fasse se sentir mal. Si le mage n'est pas expérimenté, ce surplus d'Énergie peut contaminer son dégagement énergétique, créant par la suite une larve et/ou des failles dans l'aura.
Plus un praticien sera entraîné et au courant des techniques énergétiques, plus il pourra se protéger en devenant invisible énergétiquement ou en utilisant un dérivateur triangulaire. Toutefois, cela n'a rien à voir avec une interprétation manichéenne et naïve issue de la pensée dichotomique. Nous sommes ici confrontés à un véritable cas d'école de fausse croyance qui pullule encore dans le milieu et qui, pourtant, devrait susciter notre méfiance.
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